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Soins palliatifs : il est temps de clarifier le champ lexical
Article indépendant
Le terme « palliatif » est défini comme un traitement qui atténue les symptômes d’une maladie sans agir sur sa cause. Ainsi, les soins palliatifs intègrent la prise en charge des douleurs physiques, psychologiques et d’autres symptômes gênants pour le patient. Ils prennent également en compte les souffrances sociale et spirituelle, de la personne malade et de sa famille. Ce terme « palliatif » reflète une situation clinique ne laissant pas envisager une guérison complète de la maladie. Il suggère pour beaucoup une vision négative de l’évolution de la maladie et de ses possibilités thérapeutiques spécifiques. Face à une défaillance vitale aiguë surajoutée, cette « étiquette » de patient palliatif peut conduire à des stratégies de limitation thérapeutique incluant une potentielle non admission en réanimation. Pourtant, il a été montré dans plusieurs situations cliniques que le recours aux soins palliatifs pouvait débuter précocement dans le parcours du patient alors que son pronostic vital est encore bon et que sa qualité de vie est subnormale. À un autre moment de l’évolution de sa pathologie, le patient approche de sa fin de vie, son activité physique est devenue réduite, sa qualité de vie est limitée mais peut-être considérée comme acceptable en fonction de l’auto-évaluation que le patient en fait. À ce stade de la maladie, les soins curatifs se sont intensifiés mais arrivent au bout de leur effet escompté. Quand une chimiothérapie est proposée, on parle de chimiothérapie « palliative » ou parfois de « chimiothérapie palliative terminale ». Son objectif n’est plus une réduction de la masse tumorale, mais un ralentissement éventuel de la cinétique de progression de la tumeur. Le bénéfice réel de ces chimiothérapies sur la qualité de fin de vie des patients est discuté. Parallèlement chez ces patients, le recours aux soins palliatifs s’intensifie. Et puis, survient « l’entrée dans la fin de vie du patient ». Les traitements curatifs sont alors arrêtés et la prise en charge palliative constitue le traitement prioritaire pour l’accompagnement du patient dans sa fin de vie. Ainsi pour trois phases de prise en charge différentes, le même mot « palliatif » est-il utilisé. La distinction globale de ces trois phases est relativement simple, mais la frontière entre ces phases n’est pas nette et dans bien des situations cliniques, le patient est dans une zone grise.
[Introduction article]
https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0248866324000298
Voir la revue «La revue de médecine interne, 45»
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