0 avis
Fin de vie assistée : peut-on sortir de la confusion ?
Article
Voilà un chantier de rare longueur que celui de la fin de vie assistée, engagé depuis des années déjà par des promesses présidentielles successives, et soudainement accéléré à l’automne 2022 par la publication par le Comité consultatif national d’éthique de son avis 139, ouvrant une voie possible vers cette évolution, suivi de la confirmation par la Convention citoyenne et les nombreux sondages sur le sujet, qui viennent apporter de l’eau au moulin des militants favorables à cette évolution.
Manifestement, le politique, après avoir été lui-même assez embarrassé de la question, a paru miser sur ce sujet pour redorer un blason quelque peu terni, et faire montre de modernité : les modalités d’une « aide à mourir à la française » restent cependant bien imprécises, contribuant directement à la confusion par l’évitement des mots qui fâchent, comme euthanasie ou suicide assisté, ou encore en laissant la possibilité très controversée qu’un proche réalise le geste ultime.
Bien sûr, le champ médiatique s’est largement ouvert sur la question, et on ne compte plus les prises de position que la complexité inextricable de la chose pousse volontiers vers la radicalité, relayées dans une presse qui se voudrait le lieu d’un débat public qui a déjà eu lieu. Mais on ne voit de toute façon pas qu’un raisonnement déductif argumenté emporte la conviction d’un côté ou de l’autre, la conviction de chacun étant le plus souvent ancrée dans des appartenances particulières ou des expériences personnelles déterminantes.
Forcément, le monde du soin s’est senti fortement concerné et a manifesté vivement son trouble : déjà douloureux de l’amputation implacable et répétée d’une grande partie des possibilités de soin, condamnés de fait à vivre dans une pénurie croissante, les personnels médicaux et associés voient le plus souvent d’un très mauvais œil cette perspective d’être asservis à une mission paraissant comme une entaille profonde, insondable et irréversible dans les fondements de leur métier. Mais il faut également reconnaître que l’opposition à cette évolution est loin d’être absolue.
[Introduction article]
https://stm.cairn.info/revue-l-information-psychiatrique-2024-7-page-463
Voir la revue «L'Information psychiatrique, 100»
Autres numéros de la revue «L'Information psychiatrique»