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Les transformations du personnage du médecin, entre effritement du socle éthique et augmentation du pouvoir d’agir
Article indépendant
La pratique de la médecine générale demeure une pratique globale. En revanche un clivage de plus en plus visible se repère entre les spécialités. De nombreuses spécialités d’organes ont gagné en technicité et en efficacité dans leur champ propre au prix d’un morcellement des savoirs mais surtout au risque que le spécialiste se désintéresse du patient lorsqu’il n’a plus d’options thérapeutiques à lui proposer. D’autres spécialités, qu’on appelle cliniques, restent essentiellement ordonnées à la relation avec le patient. Cet écart entre spécialités semble se creuser toujours davantage, de sorte que la psychiatrie se trouve aujourd’hui beaucoup plus éloignée du reste de la médecine qu’elle ne l’était il y a une trentaine d’années. On observe par ailleurs que ce sont ces spécialités techniques qui attirent le plus les jeunes médecins, comme si la performance thérapeutique primait avant toute chose dans leur choix. Si on adopte cette lecture, les soins palliatifs appartiennent incontestablement aux spécialités centrées sur le patient. La promotion de l’euthanasie ne peut-elle pas alors se comprendre comme une position symétrique des soins palliatifs dans le champ des spécialités techniques, là où l’efficacité passe avant toute autre considération. Elle ne répondrait donc pas tant au souci de régler des situations cliniques complexes qu’à cette tendance de fond de la médecine de rechercher toujours plus d’efficacité, cette efficacité suffisant à la justifier sur le plan éthique.
Mots-clés éditeurs : acte médical, aide active à mourir, compliance, éthique, euthanasie, médecin, relation soignant/soigné, soin holistique, soins palliatifs
https://stm.cairn.info/revue-l-information-psychiatrique-2025-3-page-167
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