Intérêt du cotrimoxazole dans les sclérites antérieures idiopathiques récidivantes

Archive ouverte

Bielefeld, Philip | Muselier, Aurore | Vinit, Julien | Devilliers, Hervé | Muller, Géraldine | Bron, Alain | Besancenot, Jean-François

Edité par CCSD ; Elsevier Masson SAS -

National audience. Introduction.– Entre les années 2000 et 2010, nous avons recensé 17 observations de sclérites antérieures idiopathiques récidivantes (SAR) et résistantes malgré un traitement local bien conduit, que nous avons traitées par cotrimoxazole (CTX) sur la base de l’expérience de six premiers patients inclus dans cette série [1]. Patients et méthodes.– Les patients ont présenté au moins quatre épisodes de SAR sans aucun traitement systémique depuis au moins deux ans. Quinze femmes et deux hommes composent cette série, d’âge moyen de 62,7 ans au début du traitement. Dans 14 observations, on retrouve des anomalies immunologiques à taux non significatif sans histoire clinique associée, ne permettant pas de porter un diagnostic de maladie auto-immune. Chez trois patients, un épisode allergique cutané au CTX en contre indique la réintroduction. Résultats.– La durée moyenne de traitement par CTX est de 44 mois (extrêmes de trois à 123 mois). Les doses de CTX utilisées vont de 1 cp/j associé à 5 mg de lederfoline, CTX diminué progressivement à un minimum de 2 cp par semaine en cas de réponse suffisante. Chez deux patients, une corticothérapie systémique à 1 mg/kg par jour a été instaurée initialement en raison de la gravité de l’atteinte, associée d’emblée au CTX. La corticothérapie a pu être arrêtée au bout de trois mois de traitement. Un seul patient a rechuté au bout de 100 mois de traitement par CTX avec nécessité de passer à l’azathioprine. Au total, 13 patients sont encore sous CTX à des doses d’entretien sans traitement local et sans rechute, sans corticothérapie systémique. Discussion.– Les sclérites antérieurs récidivantes touchent surtout des femmes entre 40 et 60 ans, peuvent se révéler sous quatre formes (nodulaire, diffuse, nécrosante, scléromalacie perforante). Elles sont idiopathiques dans 60 % des cas, associées à une maladie auto-immune dans un cas sur trois, infectieuses dans moins de 10 % des cas. Il existe un risque grave pour la vision (cataracte, glaucome secondaire, décollement rétinien et atrophie optique), justifiant un traitement intense et prolongé, souvent immunosuppresseur. Le CTX a été utilisé dans notre série chez une première patiente ayant des ANCA de type PR3 à faible taux, comme dans l’observation rapportée par Soukiasian et al. [2]. Nous avons ensuite prescrit le CTX chez tout nouveau patient atteint de sclérite, pour ses propriétés immunomodulatrices : inhibition de synthèse de l’acide folique, structure pyrimidine proche de celle de l’azathioprine, inhibition du test de transformation lymphoblastique, réduction de la réponse lymphocytaire T avec diminution du taux d’interleukine 2. Conclusion.– Le CTX est un traitement intéressant dans les sclérites antérieures idiopathiques. Il permet d’économiser, voire d’éviter, une corticothérapie systémique associée et de diminuer de façon importante les traitements locaux et les rechutes. [u]Références[/u] [1] Bielefeld P, et al. Rev Med Int 2006;7:524–6. [2] Soukiasian SH, et al. Cornea 1993;12:174–80.

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