Enophtalmie révélatrice d’un cancer du sein

Archive ouverte

Muller, Géraldine | Bielefeld, Philip | Souchier, Maxime | Rouche, J. | Devilliers, Hervé | Vinit, Julien | Bron, Alain Marie | Besancenot, Jean-François

Edité par CCSD ; Elsevier Masson SAS -

National audience. Introduction.– Hormis le classique syndrome de Claude-Bernard-Horner, les énophtalmies sont généralement en rapport avec des anomalies anatomiques de la région orbitaire (atélectasie du sinus maxillaire, varices orbitaires, aplasie de la grande aile du sphénoïde) ou avec des réductions du contenu orbitaire (lipodystrophie, atrophie de la graisse orbitaire, postradiothérapie, atrophie de l’hémiface et sclérodermie linéaire). Les métastases orbitaires font partie des étiologies plus rares. Patients et méthodes.– Nous en rapportons ici une observation. Observation.– Une femme née en 1947, sans antécédent, est vue en consultation pour une énophtalmie droite apparue progressivement, sans autre signe clinique associé, mais responsable d’une gêne esthétique. Il n’y a pas de baisse de l’acuité visuelle et le bilan orthoptique révèle une atteinte réfractive du muscle supérieur droit sans retentissement fonctionnel. Elle décrit depuis plusieurs mois des douleurs des cuisses au repos. L’IRM met en évidence une atrophie de la graisse orbitaire sans autre anomalie. On note la présence d’ANA mouchetés M1 à 1280 sans anti-ADN ni anti-ENA et d’anticorps anti-TPO sans dysthyroïdie biologique. Le CH50 et les fractions C3 et C4 sont normaux. Il n’est toutefois noté aucun autre élément en faveur d’une maladie auto-immune ; dans le cadre de l’enquête étiologique, le scanner thoraco-abdominopelvien découvre des remaniements du cadrant inféro-externe de la glande mammaire gauche et des ganglions infracentimétriques du creux axillaire. La mammographie et l’échographie révèlent un nodule mammaire gauche de 9 mm. La biopsie confirme un adénocarcinome canalaire infiltrant. La patiente bénéficie d’une segmentectomie mammaire gauche avec curage ganglionnaire puis d’une chimiothérapie adjuvante. À deux mois de la chirurgie, l’énophtalmie persiste. Discussion.– Une localisation orbitaire de différents cancers peut être à l’origine d’une énophtalmie, en revanche celle-ci est exceptionnellement, comme dans cette observation, la première manifestation du cancer. L’origine primitive mammaire est la plus fréquente et doit donc être systématiquement évoquée devant une énophtalmie inexpliquée. L’infiltrat rétrobulbaire métastatique aurait un potentiel rétractile expliquant l’enophtalmie. L’évolution est le plus souvent insidieuse, l’énophtalmie apparaissant très progressivement. La motricité oculaire est progressivement altérée, en relation avec l’infiltration intracônale et la diplopie est une cause fréquente de consultation. L’IRM orbitaire ne permet pas toujours de visualiser l’infiltration intracônale, en arrière du pôle postérieur de l’œil. La biopsie n’est utile que lorsque le bilan est négatif. Elle permet alors le plus souvent de mettre en évidence les cellules néoplasiques. Conclusion.– Ainsi, devant une énophtalmie unilatérale d’apparition progressive, il faut savoir évoquer une origine néoplasique, et chez une femme, rechercher en premier lieu un cancer du sein. Pour en savoir plus [1] Hamedani M, et al. Surv Ophthalmol 2007;52:457–73.

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