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Parler de la mort auprès de patients en fin de vie et de leurs familles, entre contexte socioculturel et économique, réseau d’interactions institutionnelles et subjectivité des acteurs
Article indépendant
En prenant appui sur une longue expérience clinique en cancérologie et dans la clinique de la fin de vie, ce texte retrace différentes manières d’évoquer et de traiter psychiquement la perspective de la mort auprès des patients et de leurs familles. Il s’y attelle en s’intéressant au contexte collectif, socioculturel et économique dans lequel évolue l’hôpital, au réseau d’interactions institutionnelles qui en régit le mode de fonctionnement, et à la subjectivité des acteurs impliqués, en relation avec leur histoire personnelle, leurs angoisses et leurs modes de défense. Le caractère traumatique de l’annonce de la mort, l’accompagnement difficile de la fin de vie, la gestion du trépas mettent à l’épreuve tant les soignants que les patients et leur famille, en les confrontant à la « détresse du nourrisson », à l’impuissance ou à la culpabilité. Différents modes d’accompagnement sont alors mobilisés, en relation avec les ressources des personnes concernées, leurs valeurs culturelles et socioprofessionnelles, mais aussi des considérations plus pragmatiques, souvent incompatibles avec une prise en soin respectueuse du sujet et de son désir. Les différents positionnements des acteurs sont tributaires du travail d’élaboration de leurs enjeux inconscients aux niveaux individuel et groupal, mais aussi d’injonctions économiques et idéologiques qui nécessiteraient également un travail de déconstruction. Prendre conscience de différents déterminismes qui agissent sur son travail de soignant est une condition sine qua non pour s’en dégager et réussir à mieux accompagner les patients dans leur singularité.
https://shs.cairn.info/revue-etudes-sur-la-mort-2024-1-page-13
Voir la revue «Études sur la mort, 161»
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