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Détresse en fin de vie : questionnement éthique sur la sédation
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Détresse et souffrance sont des termes souvent utilisés dans le vocabulaire médical, le premier ayant un caractère plus aigu et dramatique, le second plus subjectif. Elles peuvent concerner les sphères somatiques, psychologiques, sociales, ou spirituelles, avec des interactions, une douleur intense non soulagée pouvant par exemple causer une détresse psychologique. La détresse en fin de vie est induite par une menace de mort inéluctable, plus ou moins pressentie par le malade. Il peut s'agir d'une détresse existentielle, liée à la perte du sens de la vie, du rôle social et à une angoisse métaphysique. Les proches du malade et les soignants eux-mêmes peuvent être également dans la détresse, soit par empathie, soit du fait de facteurs propres. Les soins palliatifs et l'anticipation devraient permettre de prévenir ou soulager ces détresses. Cela suppose de recourir en temps opportun aux soins palliatifs et d'anticiper les situations prévisibles, en tâchant d'identifier les préférences du malade. La sédation pharmacologique devient une pratique fréquente en phase terminale, justifiant un questionnement éthique sur son bien-fondé et sa finalité. La sédation profonde continue maintenue jusqu'à la mort peut être considérée comme une forme d'euthanasie psychique et sociale éthiquement discutable, et ne devrait être envisagée que dans les cas de détresse réfractaire à toute intervention. On doit lui préférer les sédations contrôlées, réversibles, toujours avec l'accord du malade ou de sa personne de confiance. La détresse existentielle ne saurait justifier à elle seule une sédation profonde continue.
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