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Le caractère national et l'imaginaire républicain au XVIIIe siècle
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Edité par EHESS ; Paris : École des hautes études en sciences sociales ; PERSÉE : Université de Lyon, CNRS & ENS de Lyon -
L'article traite de la conception du caractère national que l'on avait au XVIIIe siècle, et de ses implications sur la Révolution française. Il soutient d'abord que la rhétorique révolutionnaire relative à l'« homme nouveau» était souvent centrée sur le concept d'un «peuple neuf», présenté en opposition avec un « ancien peuple » spécifiquement français. Ces vues se fondaient sur une science, née au siècle des Lumières, qui attribuait le caractère national au climat, à la législation et à l'évolution historique, et définissait les Français comme un peuple particulièrement sociable, poli et léger. A la fin de l'Ancien Régime et pendant les premières années de la Révolution, ces traits furent de plus en plus considérés comme des défauts à corriger et, durant la phase radicale de la Révolution, le caractère national français fut jugé totalement corrompu et nécessitant une « régénération » complète. L'article se termine sur une interrogation : le rejet révolutionnaire de la science du caractère national ne correspondrait-il pas à un rejet de la conception scientifique sociale moderne de l'humanité ?. Eighteenth-century understandings of French national character. This article discusses eighteenth-century understandings of national character, and its implications for the French Revolution. It first argues that revolutionary rhetoric about " l'homme nouveau " most often focused on the concept of a "nouveau peuple ", presented as a counterpart to a specifically French "ancien peuple". These views were grounded in an Enlightenment science that attributed national character to climate, legislation, and historical evolution, and specifically identified the French as a particular sociable, polite and "léger" people. At the end of the Old Regime, and in the early years of the Revolution, these qualities were increasingly defined as faults that needed to be corrected, and in the radical Revolution, the French national character was deemed entirely corrupt and in need of total "regeneration ". The article concludes with speculation that the revolutionary rejection of the science of national character amounted to a rejection of modern social scientific understandings of humankind.. Bell David A. Le caractère national et l'imaginaire républicain au XVIIIe siècle. In: Annales. Histoire, Sciences Sociales. 57ᵉ année, N. 4, 2002. pp. 867-888.