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Zoonotic parasites in an unregulated introduced fish : the case of the perch in Corsica. Des parasites zoonotiques dans un poisson introduit de manière non-contrôlée : le cas de la perche en Corse
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Edité par CCSD -
International audience. Les introductions d’espèces ont un impact majeur sur les écosystèmes d’eau douce, particulièrement en milieu insulaire. De nombreuses espèces ont été introduites en Corse (Méditerranée nord-occidentale), dans le cadre de programmes officiels ou en dehors. Les impacts potentiels de l’introduction de poissons dulçaquicoles sur l’écosystème receveur sont nombreux, et incluent la co-introduction de pathogènes, y compris de parasites. A la suite d’un signalement de parasites dans les prises d’un pêcheur récréatif, un échantillon de perches Perca fluviatilis Linnaeus, 1758 introduites, provenant de la retenue de barrage de Padula a été examiné. La présence en Corse de ce poisson a été signalée pour la première fois en 1984, mais sa date et source d’introduction sont inconnues. Ces analyses sont les premières menées sur cette espèce dans l’île. Les objectifs de ce travail étaient d’identifier les parasites présents chez la perche dans la retenue de Padula et de discuter de leur origine et des potentielles conséquences de leur présence en termes de santé animale et humaine.Nous avons pu mettre en évidence la présence de stades larvaires de deux parasites zoonotiques chez les perches de Padula : le nématode Eustrongylide sp. et le digène Clinostomum complanatum, pour lesquels ce signalement est le premier sur le territoire français. Ils ont été identifiés par une approche moléculaire à l’aide des marqueurs nucléaires ITS pour C. complanatum, et mitochondrial de la sous-unité 1 de la cytochrome oxydase (COI) pour Eustrongylides a été identifié au niveau du genre par barcoding du COI. La présence de ces parasites en Corse pourrait être le résultat d’une co-introduction avec des poissons-hôtes introduits ou d’un transport par des oiseaux (hôtes définitifs). Leur cycle de vie semble pouvoir être complété en Corse, tous les hôtes nécessaires étant disponibles dans l’île. De plus ce cycle est probablement facilité par les introductions passées de perches et autres poissons, qui sont des hôtes intermédiaires.La présence d’Eustrongylides sp. et de C. complanatum en Corse est préoccupante du point de vue de la santé animale et de la santé humaine. En effet, ces parasites sont capables d’utiliser une large gamme d’amphibiens comme hôtes intermédiaires, et la Corse abrite trois espèces d’amphibiens endémiques. De plus, il existe des signalements de cas humains pour Eustrongylides spp., principalement en Amérique du Nord, et pour C. complanatum, principalement dans l’est de l’Asie. Ces parasites sont capables d’infester l’Homme par la consommation de poissons crus ou insuffisamment cuits.La détection de ces parasites zoonotiques résultant du signalement d’un pêcheur récréatif, les résultats de cette étude soulignent la nécessité pour la recherche de travailler avec les usagers des écosystèmes et de rester à l’écoute de leurs préoccupations. Par ailleurs, la présence de la perche en Corse, en ayant le potentiel d’impacter la santé de l’écosystème, la santé animale et la santé humaine, illustre l’interconnectivité de ces santés telle que décrite dans le concept One Health.