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Caractérisation des facteurs de virulence de deux souches de terrain du virus de la fièvre de la vallée du Rift
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Edité par CCSD -
International audience. La fièvre de la Vallée du Rift (FVR) est une zoonose à transmission vectorielle, présente en Afrique et sur la Péninsule Arabique, affectant principalement les ruminants sauvages et domestiques (caprins, ovins, bovins). La transmission du virus de la FVR (VFVR) dépend principalement des moustiques du genre Aedes et Culex. Il peut aussi être transmis aux humains par contact direct avec des tissus ou des fluides contaminés. L’infection chez l’Homme est le plus souvent asymptomatique mais des formes graves (oculaires, neurologiques et hémorragiques), parfois fatales, sont aussi observées. Chez les ruminants, le VFVR est responsable d’une mortalité néonatale élevée et de nombreux avortements avec des conséquences économiques désastreuses pour les éleveurs et les pays touchés. La circulation du VFVR est particulièrement active en Afrique de l’Ouest. Une épidémie est notamment survenue en 2010 dans une région désertique de la Mauritanie et a provoqué une mortalité élevée chez les chameaux, une espèce jusqu’ici connue pour être porteuse asymptomatique du virus.Avec pour objectif de mieux comprendre la virulence des souches de VFVR circulantes dans cette région, nous avons étudié deux isolats viraux de terrain : MRU 25010-30 d’origine cameline (2010) et MRU 2687-3 d’origine caprine (2013). Un séquençage profond de ces deux souches a tout d’abord permis de montrer qu’elles appartiennent à deux lignées génétiques distinctes (E et A, respectivement). Leurs capacités réplicatives ont ensuite été testées in vitro dans une lignée d’hépatocytes humains (HepaRG) et des cellules souches pluripotentes induites (IPS) différenciées en multiculture de cellules primaires neurales (astrocytes, neurones et oligodendrocytes). Dans ces deux modèles, la souche MRU-25010-30 produit 10 à 20 fois plus de particules virales infectieuses que la souche MRU2687-3 tout en induisant plus d’effet cytopathiques. Nous avons ensuite infecté des souris BALB/c par inoculations sous-cutanée ou intranasal afin de reproduire les deux voies de transmission connues du VFVR. Nos données montrent que ces deux souches sont virulentes dans ce modèle murin. Néanmoins et de façon remarquable, la durée de survie médiane est beaucoup plus courte pour les souris infectées par MRU25010-30 (4 à 5.5 jours) que celles infectées par MRU2687-3 (10 à 10.5 jours) et ce quel que soit la voie d’inoculation. De plus, la virémie et la réplication virale dans le foie surviennent de façon plus précoces et plus intenses chez les souris infectées par MRU-25010-30, suggérant une forte capacité réplicative in vivo de cette souche et une mortalité induite par une hépatite fulminante. Comparativement, nous avons détecté plus tardivement des titres viraux élevés dans le cerveau des souris infectées par MRU2687-3.Les résultats obtenus dans différents modèles in vitro et in vivo montrent que les capacités réplicatives et la virulence de ces deux souches de terrain sont extrêmement différentes, ce qui constitue une base de recherche prometteuse pour étudier les facteurs viraux impliqués dans la pathogénicité du VFVR. Dans ce but, nous mettons actuellement en oeuvre une approche sans a priori en utilisant le système de génétique inverse développé pour ces deux souches de terrain afin d’identifier les déterminants moléculaires viraux responsables des phénotypes observés.