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Epidémiologie de l’épilepsie : zoom sur l’Afrique et actualités à Maurice
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Edité par CCSD -
International audience. L’épilepsie est une affection neurologique majeure, affectant plus de 70 millions de personnes dans lemonde, dont 2/3 se trouvent dans les pays tropicaux. Elle se caractérise par la répétition de crisesd’épilepsie, et peut être généralisée ou focale. Son incidence et sa prévalence sont deux à trois fois plusélevées que dans les pays tempérés. L’incidence annuelle peut aller jusqu’à 190 pour 100,000 et par analors qu’elle est en moyenne de 40 pour 100,000 et par an. La prévalence médiane est autour de 15 pour1000 en Afrique sub-saharienne et en Amérique latine alors qu’elle est de 8 pour 1000 au niveau mondialet 6 pour 1000 en Asie. A l’île Maurice, à notre connaissance, aucune étude épidémiologique n’a été menéesur l’épilepsie en population générale.L’épilepsie peut être liée à de nombreux facteurs, infectieux ou non. Les causes infectieuses majeures sontsurtout parasitaires (paludisme cérébral, cysticercose…), mais aussi bactériennes (tuberculose) ou virales(VIH, Herpes, encéphalite japonaise). Les causes non infectieuses sont dominées par les facteurs périnatauxet les traumatismes crâniens. On estime qu’environ 40% des épilepsies pourraient être prévenues. Denombreux cas restent idiopathiques, l’identification de tous les facteurs de risque étant difficile dans lecontexte de la faible disponibilité des examens paracliniques, en particulier neuroimagerie.Les conséquences de l’épilepsie sont particulièrement graves en Afrique. Même si la rémission sanstraitement est possible, la mortalité est deux à trois plus élevée chez les patients que dans la populationgénérale. Le pronostic est lié aux accidents, noyades, brûlures dans les feux à foyers ouverts, avec uneréticence majeure des témoins de la crise à aider le patient du fait des croyances traditionnelles. Celles-cisont ancrées fortement dans l’irrationnel, allant de la contagiosité, à l’incurabilité, en passant par descroyances en une possession divine. Elles entraînent un stigma très élevé, une discrimination au travail etau mariage, et un manque de support social. Elles ont une répercussion sur la qualité de vie des patients etun impact sur leur famille.Un traitement efficace, globalement bien toléré et peu onéreux est disponible depuis 100 ans(phénobarbital). Malgré cela, le déficit de traitement est considérable, entre 60 et 90% selon les zones. Latable suivante résume les facteurs expliquant cette situation :Patients Stigma, manque de connaissances, absence de moyens financiers,croyances traditionnellesSystème de santé Manque de formation, manque de personnel qualifié, distance centrede santé - patient, difficultés de transport, indisponibilité desmédicaments, coût trop élevéCommunauté scientifique Absence de stratégie claire de prise en chargeIndustrie Faible intérêt dans la production de médicaments anti-épileptiquesdans les pays tropicauxLa plupart des raisons sont opérationnelles et pourraient être résolues par des actions de sensibilisation,d’information-éducation-communication et de mise à disposition de médicaments. Le diagnostic del’épilepsie est clinique et ne nécessite pas d’outils sophistiqués, la formation peut donc réduire le déficitd’identification des patients. Après des décennies de focalisation sur les aspects négatifs, il devient urgentde renforcer la démonstration de la faisabilité d’une prise en charge adéquate et coût-efficace. Enfin, laprévention des épilepsies est la clef de la réduction de la charge de cette affection à plus long terme.