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La méiofaune dans les réseaux trophiques
Archive ouverte
Edité par CCSD -
Les organismes de la méiofaune ont un rôle écologique pouvant être très structurant en raison de leur forte production. Malgré ce rôle potentiel, des incertitudes demeurent sur l’intégration de la méiofaune dans les réseaux trophiques. Ma recherche s’est donc focalisée sur la quantification des flux trophiques entre microorganismes et méiofaune.La première partie de ce document présente, à partir d’exemples concrets issus de mes travaux, différentes approches méthodologiques : l’observation, l’utilisation de traçeurs (isotopes stables naturels, isotopes stables des acides gras) et le pré-marquage des proies (isotopes radioactifs et stables). Toutes les méthodes actuelles de mesures des flux trophiques associées à la méiofaune présentent des biais potentiels. Afin de quantifier l’intégration de la méiofaune dans les réseaux trophiques de manière réaliste, la multiplication des approches constitue un bon moyen de s’affranchir, au moins partiellement, de ces biais.La deuxième partie de ce document se focalise sur le rôle trophique des bactéries pour la méiofaune des vasières intertidales. Une approche expérimentale a indiqué que chez les consommateurs de la méiofaune, les bactéries sont ingérées à un taux systématiquement plus faible que les algues. Une approche de terrain a révélé que leur consommation de bactéries est négativement corrélée aux abondances d’algues. Les bactéries constitueraient donc une ressource alternative et leur consommation serait limitée, ne représentant jamais plus de 6% de la production bactérienne.La troisième partie de ce document se focalise sur l’évolution du régime alimentaire de la méiofaune selon les modifications de ressources disponibles. Différentes origines de ces modifications sont examinées : naturelles, théoriques, expérimentales et anthropiques.Dans les mangroves de Guadeloupe, la distribution de la ressource bactérienne est naturellement modifiée et concentrée dans les tapis de bactéries sulfo-oxydantes de la famille des Beggiatoa. Ces bactéries sont consommées mais leur concentration ne modifie pas la consommation bactérienne générale de la méiofaune.Une approche par modélisation de réseau trophique de vasière intertidale tempérée révèle que les modifications théoriques liées aux herbicides provoquent une diminution d’ingestion d’algues compensée par une augmentation d’ingestion de bactéries pour la méiofaune.Le projet TIDE consiste à modifier de manière expérimentale les concentrations en engrais dans différentes criques d’un estuaire en Nouvelle Angleterre. Les engrais provoquent une augmentation de la part relative des algues au détriment de celle des bactéries dans le régime alimentaire de la méiofaune.Les algues benthiques apparues avec les récifs artificiels (plates-formes pétrolières de Louisiane) ont un rôle limité par rapport aux algues pélagiques dans le régime alimentaire de la méiofaune associée. Dans le milieu côtier tropical, l’apparition d’une nouvelle ressource bactérienne larguée par une usine géothermique en Guadeloupe (Bouillante) a peu d’influence sur le comportement alimentaire de la méiofaune.Ces réponses aux fluctuations de disponibilité de ressource bactérienne confirment le rôle trophique limité des bactéries.Ces recherches ont permis de mettre au point une méthode d’enrichissement de bactéries avec des isotopes stables. Des approches méthodologiques comparables devraient permettre d’évaluer la consommation de méiofaune par d’autres compartiments dans le cadre de la première perspective et de mesurer la consommation de dinoflagellés benthiques par la méiofaune dans le cadre de la seconde.Le rôle trophique des bactéries apparaît comme limité dans les environnements étudiés : vasières intertidales tempérées (France et USA) et mangroves (Guadeloupe). Une troisième perspective serait d’étendre ces études à d’autres environnements benthiques moins riches en matière organique afin de valider ou non le caractère général de ces premières conclusions.Une quatrième perspective consisterait à déterminer si la méiofaune ne joue pas un rôle plus structurant dans les vasières de Guyane qui sont des environnements dépourvus de macrofaune.