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La place de la carpologie en contexte « naturel » pour appréhender les socioécosystèmes. Histoire des relations entre climat, environnement et sociétés : pour une approche paléoécologique systémique.
Archive ouverte
Edité par CCSD -
International audience. Les contextes archéo-environnementaux au sens large (au sein et hors des sites d’occupation) possèdent un très haut potentiel heuristique qui est à même de renseigner les interactions entre société et environnement. Afin d’enrichir les connaissances sur la mise en place et l’évolution des socio-écosystèmes au cours du temps, le potentiel des archives sédimentaires peut être exploité par la carpologie. Systèmes anthropiques et milieux écologiques sont encore trop souvent appréhendés séparément, limitant la prise en considération de la complexité des interactions. Un cadre interdisciplinaire et une approche globale est nécessaire pour coupler les liens entre sociétés et milieux. Par l’analyse carpologique, il est possible de proposer une approche rétrospective des changements de végétation ayant affecté les environnements des communautés et leurs économies à différentes échelles (du local au global, du temps court au temps long). Quelles méthodes et quelles contributions peut apporter la carpologie pour appréhender une partie de la complexité de l’histoire des relations et des interactions entre climat, environnement et sociétés ? Quelle est sa place dans la participation à une approche socio-écologique des systèmes ?La caractérisation et la quantification des taxons végétaux en carpologie permet de percevoir et d’interpréter les interactions et rétroactions fonctionnelles entre les dynamiques écologiques et anthropiques. L’enjeu de notre recherche est de paramétrer les modèles passés pour évaluer l’évolution des socio-écosystèmes présents et futurs. Dans ce contexte, les objectifs de cette présentation sont d’explorer les moyens délivrés par la carpologie pour étudier l’évolution des systèmes socio-économiques (méthode et sites, prélèvements, identifications spécifiques, quantifications et traitements statistiques).À partir de différentes études en milieu fluvial, s’appuyant sur la comparaison de données carpologiques, palynologiques, génétiques avec les pratiques agro-pastorales et l’histoire de l‘aménagement des territoires, il est possible de révéler des trajectoires environnementales types, afin de proposer des scénarios prospectifs. L’exploration du fonctionnement hydro-écologique et biogéochimique de plusieurs annexes fluviales du Rhône, de l’Ain, du Doubs et de la Loue (Dendievel et al. 2020, Schaal 2019, Schaal et al. 2018) a mis en exergue des tendances évolutives fortement liées aux activités humaines de chaque bassin versant. Par exemple, sur deux siècles d’histoire, l’analyse paléoécologique d’un bras mort du Doubs, le Mératon (Fig. 1), a souligné un changement majeur au sein des macrophytes, passant d’une communauté à Ceratophyllum vers une communauté à Nuphar, associé au développement de la ripisylve. Le long du Rhône (Fig. 2), ces écosystèmes ont successivement évolué depuis des environnements de ripisylve (Alnion glutinosae) vers des zones asséchées dominées par Urtica dioica, avant le développement récent de communautés semi-aquatiques à aquatiques, suite à la restauration du cours d’eau. Ces évolutions des communautés végétales sont ainsi à même de caractériser, à l’échelle locale, les modifications structurelles des cours d’eau en réponse aux forçages anthropiques et aux forçages climatiques des 20-21e siècles.