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Corps féminins amputés : cancers du sein et rapports de genre au Mali
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Edité par CCSD -
International audience. Le cancer du sein est mal connu dans le contexte malien et son irruption dans la vie de beaucoup de femmes et de couples intervient toujours de façon brutale. Il affecte le corps féminin dans ses usages biologiques et sociaux. Après une amputation, les questions sont nombreuses et les réponses sont rares. A partir d’un corpus constitué de 25 entretiens individuels menés auprès de femmes atteintes d’un cancer du sein dans la ville de Bamako, cette communication propose d’explorer les répercussions sociales d’une amputation du sein dans la relation conjugale. L’analyse des données de l’étude montre que le sein est un attribut essentiel de la féminité. Son absence totale ou partielle est vécue comme une forme de masculinisation du corps qui s’accompagne souvent d’autres pertes corporelles sous l’effet de la chimiothérapie (perte de cheveux, des ongles, des menstrues, de la libido entre autres). Ces pertes en série créent les conditions d’une recomposition identitaire de la femme malade et d’une reconfiguration des relations conjugales. La masculinisation du corps physique s’accompagne souvent d’une disqualification sociale de la femme quand celle-ci n’arrive plus à exercer les rôles sociaux relevant habituellement du féminin (par exemple cuisiner ou allaiter). Les attitudes maritales devant la femme qui a subi une mastectomie varient entre le soutien psychologique et économique dans certains cas et l’abandon plus fréquemment. Tous ces constats montrent que la présence ou l’absence du sein déterminent socialement le sentiment de complétude ou d’incomplétude de la femme dans cet espace bamakois.
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