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Les soins de support, entre soins et soins de soi : commentaire
Article indépendant
Les soins de support en oncologie (SSO) sont d’apparition récente en France. La première publication les définissant, issue d’un groupe de travail du champ de la cancérologie, date de 2004. Ils y sont présentés comme « l’ensemble des soins et soutiens nécessaires aux personnes malades, parallèlement aux traitements spécifiques, lorsqu’il y en a, tout au long des maladies graves » (Krakowski et al., 2004). Cette définition, qui est toujours celle de l’Association francophone des soins oncologiques de support (AFSOS), est inspirée de celle de la Multinational Association for Supportive Care in Cancer (MASCC) en 1990 : « The total medical, nursing and psychosocial help which the patients need besides the specific treatment » (Krakowski et al., 2004 : 45).
L’objectif des SSO est très large et ambitieux : aider la personne atteinte de cancer à mieux faire face à la maladie tout au long des traitements, du diagnostic aux éventuelles rechutes, jusqu’à la fin de vie et au décès. Cela se fait en soulageant les symptômes douloureux, les complications et effets délétères, les séquelles physiques, et en répondant aux problèmes « biopsychosociaux » liés à une maladie grave. Du côté des patients, l’article d’Hélène Kane, Jade Gourret Baumgart et Frédéric Denis montre que ces soins indispensables à la qualité de vie – et parfois à la survie – sont néanmoins mal connus et très différemment mobilisés par les personnes qui n’en voient pas toujours l’utilité. Les patients y ont recours en fonction de la façon dont (et si) on les leur présente, de ce qu’ils en comprennent, de leur environnement social et relationnel, de leur fatigue et de leurs problèmes de santé, de l’intérêt qu’ils y voient pour eux. Il en résulte des disparités de rapport à cette offre de soins, qui peut dès lors être regardée à juste titre comme « une variable d’ajustement et un nœud de construction des inégalités sociales face au cancer ».
Dans ce commentaire, nous tâcherons de préciser certaines caractéristiques des SSO qui les placent à l’intersection de la médecine et de pratiques non médicales, d’une part, et entre soins professionnels et « soin de soi », d’autre part.
https://www.cairn.info/revue-sciences-sociales-et-sante-2023-4-page-33.htm
Voir la revue «Sciences sociales et santé, 41»
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